Le physique ou la nature est quand même une sacrée connasse
Bonsoir, bonsoir à tous.
Ouh, arrêtez d’applaudir, de faire les foufous, j’ai encore rien dit. Et c’est pas cool pour les autres qui ont fait de la merde et qui n’ont pas été applaudis comme ça.
Bon, trêve de rigolades, je m’appelle Marina (Attendre quelques secondes). J’attends. Aaah merde, non, au temps pour moi, j’me suis gourée d’endroit. Mais quand même un p’tit ‘bonsoir Marina’, c’est pas de refus, ça fait toujours plaisir mais je ne vous oblige à rien hein. (Aller chercher le panneau marqué ‘A vous « Bonsoir Marina »’). Vraiment à rien.
Bon, on va la refaire quand même. Au cas où. Bonsoir, je m’appelle Marina (‘Bonsoir Marina’ – lever les pouces pour leur dire que c’était bien), j’ai 23 ans et je suis une bombasse. Si. Et c’est pas facile, facile tous les jours. Non mais c’est vrai, c’est super handicapant d’avoir un physique comme ça, un visage parfait, sans imperfections. Un nez parfait, des dents parfaites et j’en passe. Tous les mecs se retournent sur moi dans la rue. Même les chiens et les pigeons se retournent quoi. J’aimerais bien me promener un jour tranquillement sans entendre des ‘Eh mademoiselle, t’es charmante, tu brilles comme un soleil’ ou ‘wouh, wouh’. (Parler un peu plus bas en s’adressant au public) Ok, je sais que ça ne se dit plus ‘wouh, wouh’ mais sans déconner, jouez le jeu. Et aussi, à cause de ma bombassitude, je dois entretenir mon image. J’dois être toujours à la pointe de la mode. Par exemple, là, j’porte que de la marque. Ça, c’est un jean Levi’s, un t-shirt diesel et ça (laisser un temps), c’est des converses.
Voilà. (Réfléchir quelques secondes) Non, j’ai plus de mytho. Bah oui, c’était des mytho, réveillez-vous un peu. Vous avez vu ma tronche. Le nez parfait, les dents parfaites, le visage parfait, j’peux m’assoir dessus. Sur le physique parfait aussi. Si j’aurais un physique parfait, j’aurais des plus gros seins, des plus grosses fesses et aussi moins de boutons. Mais non.
Et bien sûr, personne ne se retourne sur moi dans la rue. C’est même plutôt l’inverse, j’suis transparente. Une fois, y’a un mec qui bousculé et il m’a dit ‘excusez-moi monsieur le poteau’. Mais il m’a quand même dit excusez-moi. Les parisiens, vous avez un problème avec cette expression. Vous avez l’impression que vous allez vous étouffez quand vous allez dire ça ou quoi ? Excusez-moooiiii (Faire semblant de s’étouffer) Mais ça, c’est un autre débat.
Et aussi, au tant tout vous avouez maintenant comme ça, j’partirais de la scène le cœur léger, c’est pas des fringues de marques. Voilà, c’est dit. Ça, c’est un t-shirt pimkie et ça, un jean camaieu. Par contre, ça, c’est toujours des converses (dire ça d’un ton joyeux).
Donc, voilà, j’ai même pas pu me glisser dans la peau d’une bombasse une soirée, la vérité me rattrape toujours. En même temps, la vérité, elle se voit sur ma tronche donc forcément, j’peux pas la cacher longtemps. Heureusement que j’peux compter sur mon charme et mon charisme (bouger mes cheveux dans tous les sens et se la péter un peu).
FIN.